Avec la généralisation de la complémentaire santé en entreprise, davantage de salariés bénéficient de services de prévention. Témoignages d’acteurs au 3e rendez-vous de la prévention santé prévoyance, organisé le 25 avril 2017 par L’Argus de l’assurance.
Quel a été l’impact de la réforme de la généralisation de la complémentaire santé en entreprise sur le développement de services de prévention ? C’est l’une des questions abordées au 3e rendez-vous de la prévention santé prévoyance, un événement organisé le 25 avril 2017, à Paris, par L’Argus de l’assurance.
La réforme de la complémentaire santé en entreprise date de janvier 2016, rappelle-t-on. Dans le cadre des appels d’offres des négociations de branche, les contrats de protection sociale complémentaire doivent proposer un haut degré de solidarité pour être éligibles aux recommandations. Un décret du 11 décembre 2014 a fixé à 2% le montant de la cotisation qui doit être affecté à une prise en charge totale ou partielle de la cotisation, à la prise en charge de prestations d’action sociale ou au financement d’actions de prévention.
« Un budget fléché et défini »
« Cette réforme nous a permis de nous positionner sur un certain nombre de branches professionnelles. Pour la première fois, nous disposons d’un budget fléché et défini par la loi pour financer de la prévention », a expliqué à cette occasion Florence Condamin, directrice prévention et promotion de la santé d’Harmonie mutuelle.
Cette mutuelle propose aux entreprises et à leurs salariés un programme de prévention santé intitulé « La santé gagne l’entreprise« . Celui-ci comprend des services de sensibilisation, des campagnes d’information et des services d’accompagnement à distance, notamment sur les risques professionnels ou encore la conciliation entre vie personnelle et vie professionnelle.
« Les fonds disponibles pour la prévention sont encore assez faibles car l’action sociale demeure davantage mise en avant, a précisé Florence Condamin. Mais la dynamique enclenchée va faire bouger les esprits en matière de prévention. » Pour elle, cela permettra d’accompagner les entreprises qui souhaiteraient aller plus loin que leur branche en matière de prévention. « C’est un mouvement long dont on va probablement constater les bénéfices dans les années à venir », poursuit-elle.
Outil de différenciation
Confrontés à une réglementation des garanties poussée à l’extrême, les acteurs complémentaires s’accordent à dire qu’ils utilisent la prévention comme outil de différenciation. « Nous considérons que le marché se déplace. En accompagnant leurs assurés sur un parcours de santé, nos clients assureurs revendiquent de ne plus être uniquement des payeurs. Il existe une vraie demande, une vraie sensibilité aux sujets de prévention », témoigne Pierre-Henri Comble, directeur marketing et prospective de Cegedim insurance solutions.
En dépit d’offres normalisées, de nombreux services sont modulables pour répondre aux différents besoins des entreprises. « En fonction du service proposé, on peut l’inclure dans la garantie avec un paiement, dans la garantie solidarité ou dans les frais de gestion », indique Alexandrine De Vallois, directrice marketing stratégique au sein de la direction stratégie marketing santé prévoyance de Malakoff Médéric. Cette institution de prévoyance a créé « Entreprise territoire de santé », un service de prévention sur la qualité de vie au travail.
Même diversité proposée par les autres participants, à l’instar d’Harmonie mutuelle : « Nous pouvons inclure les services dans la cotisation, dans un forfait ou en vente additionnelle, au coup par coup, détaille Florence Condamin. Dans les entreprises, la question ne se pose plus de payer pour avoir un service de prévention de qualité, avec une réelle valeur ajoutée. La barrière est tombée ! »
« L’ère du syndicat de services »
« On entre dans l’ère du syndicat de services. Afin de gagner en visibilité, les branches veulent apporter et pousser les services, en particulier dans les TPE [très petites entreprises, NDLR] qui n’ont pas la capacité de s’organiser », lance Jérôme Bonizec, directeur général d’Adéis.
« Il y a des opportunités intéressantes pour les TPE et PME [petites et moyennes entreprises, NDLR] par approches sectorielles, via ce qu’on appelle des clubs, des clusters ou des actions collectives », soutient Romain Chevallet, responsable du département élaboration de solutions de transfert (EST) à l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (Anact).
« Au sein d’un secteur donné, l’objectif est de réunir différentes entreprises avec un représentant de l’employeur et un représentant des salariés pour réfléchir ensemble à des actions de prévention qu’ils vont ensuite relayer, ajoute Romain Chevallet. Ces dispositifs d’échanges entre pairs fonctionnement bien car ils sont vraiment adaptés aux besoins des petites entreprises ». Parmi les facteurs de réussite, il est « important que les actions de prévention soient collectives et portées par la direction ».
Pour Etienne Minvielle, médecin de santé publique et professeur de management à l’Ecole des hautes études en santé publique (EHESP), tous ces services posent la question de la fidélisation : « L’assuré a besoin d’être en confiance sur le fait que vous l’accompagniez tout au long de la vie. » « Je ne pense pas que la prévention aille jusqu’à générer une adhésion mais elle est utile pour fidéliser nos adhérents », considère également Eric Chenut, vice-président du groupe MGEN.
Par ailleurs, cette fidélisation est importante au regard de la multiplication des objets connectés ou des applications santé que les assurés sont susceptibles d’utiliser. « C’est l’usage des informations à des fins vertueuses, sans utilisation intrusive, qui va influer sur la qualité de la confiance de l’assuré », renchérit Etienne Minvielle.