Le 26 novembre 1974 marque un tournant dans la lutte pour les droits des femmes. Il y a tout juste 50 ans, Simone Veil, ministre de la Santé, prononce un discours emblématique de la Ve République à l’Assemblée nationale. Elle défend le droit à l’interruption volontaire de grossesse (IVG), désormais inscrit dans la Constitution. Retour sur ce pan d’histoire et sur l’implication de la Mutualité Française.
Le discours de Simone Veil
Alors ministre de la Santé du gouvernement de Valéry Giscard d’Estaing, elle lance le débat parlementaire qui aboutira à la dépénalisation de l’interruption volontaire de grossesse (IVG). La loi promulguée le 17 janvier 1975 autorisera l’IVG pour une durée initiale de cinq ans, puis la loi du 31 décembre 1979 reconduira ce droit sans limite. Le 8 mars 2024, la France a inscrit la liberté de recourir à l’IVG dans la Constitution de 1958. Objectif : garantir ce droit qui subit aujourd’hui des restrictions dans certains pays, comme les Etats-Unis ou la Pologne.
Cinquante ans après sa déclaration, Simone Veil reste à jamais celle qui a ouvert le chemin vers ce droit fondamental des femmes : « Nous ne pouvons plus fermer les yeux sur les 300 000 avortements qui, chaque année, mutilent les femmes de ce pays, qui bafouent nos lois et qui humilient ou traumatisent celles qui y ont recours », avait-elle déclaré devant les députés. Elle reprenait ainsi un combat déjà mené dans l’ombre par le Mouvement de libération des femmes (MLF), qui soutenait les femmes ayant recours à un avortement clandestin. Nombreuses d’entre elles ont d’ailleurs perdu la vie pour pouvoir disposer librement de leur corps.
« Si le législateur est appelé à modifier les textes en vigueur, c’est pour mettre fin aux avortements clandestins qui sont le plus souvent le fait de celles qui, pour des raisons sociales, économiques ou psychologiques, se sentent dans une telle situation de détresse qu’elles sont décidées à mettre fin à leur grossesse dans n’importe quelles conditions », avait clamé la ministre de la Santé, tout en rappelant que « la décision ultime ne peut être prise que par la femme ».
La Mutualité Française a soutenu le combat de l’IVG
Le mouvement mutualiste a été précurseur dans cette lutte, particulièrement en matière d’orthogénie, c’est-à-dire la régulation des naissances. Avant la dépénalisation de l’IVG, la Mutuelle nationale des étudiants de France (Mnef) organise, durant plusieurs années, des voyages vers des pays où l’avortement est légalisé, pour permettre à des jeunes femmes de pratiquer une IVG en toute sécurité. Après son autorisation légale, la Mutualité Française poursuit son combat en préconisant le remboursement de cet acte médical. Dès 1975, la MGEN rembourse l’IVG avant même la loi Roudy (1982), qui prévoit sa prise en charge par la Sécurité sociale.