La Fondation Terra Nova a récemment publié une note proposant de « faire le pari de la jeunesse » pour faire évoluer la médecine ambulatoire. Elle suggère de mieux intégrer les jeunes médecins aux négociations conventionnelles, de mieux les former à l’exercice libéral et de leur donner le droit d’expérimenter de nouvelles solutions territoriales.
Une note de la Fondation Terra Nova, publiée en janvier 2018, invite à « faire le pari de la jeunesse » pour dessiner les contours de la future médecine de ville.
Les jeunes médecins ne choisissent que rarement l’exercice libéral à la fin de leurs études mais décident bien souvent de s’installer à leur compte après quelques années d’exercice, relève l’auteur, Willy Jager. Plus qu’une « crise de la vocation », « ce constat semble indiquer que le réel problème vient d’un manque d’attractivité de l’exercice libéral, et d’un manque d’accompagnement », assure-t-il.
Aussi, la Fondation Terra Nova juge-t-elle nécessaire de mieux intégrer les jeunes médecins dans le processus de négociations conventionnelles entre l’assurance maladie et les syndicats de médecins, d’instituer « un véritable parcours de formation et d’installation (…) pour mieux former les étudiants à la profession libérale et pour mieux les accompagner lorsqu’ils auront franchi le pas », et de conférer « un droit effectif d’expérimentation à tous les primo-arrivants afin de faire des territoires français le lieu des innovations médicales ».
Mieux représenter les futurs et jeunes médecins
La négociation conventionnelle exclut les futurs médecins (étudiants, internes, chefs de clinique), « faute pour eux d’être installés et d’exercer leur activité en tant que professionnels », relève l’auteur. « Quant aux nouveaux inscrits à l’Ordre des médecins, ils sont écartés in fine de la négociation conventionnelle », notamment parce qu’ils n’exercent pas toujours une activité libérale à titre principal ou, si tel est le cas, ils l’exercent sous le statut de remplaçants, poursuit-il. « En somme, pour faire valoir leurs intérêts lors de la négociation conventionnelle, les futurs et jeunes médecins doivent généralement compter sur des organisations syndicales qui n’ont aucun intérêt, autre que politique, à les défendre », conclut la note, qui évoque en conséquence différentes possibilités de réforme.
Pour Willy Jager, il serait notamment envisageable d’étendre « le droit de participation aux élections aux remplaçants ainsi qu’aux professionnels dans leurs dix premières années d’exercice », voire de « créer un collège spécifique « futurs et jeunes médecins » au sein des unions régionales des professionnels de santé (URPS) ».
Par ailleurs, pour renforcer l’attractivité de la médecine ambulatoire et de l’exercice libéral, ce dernier propose d' »imaginer un parcours global de formation et d’installation du praticien ambulatoire, dont les conventions médicales pourraient proposer les principes directeurs et les modalités de financement ».
Il préconise à ce titre d’introduire « une préparation concrète aux différents modes d’exercice de la médecine de ville, notamment en cabinet », par des mesures visant à favoriser l’internat et le clinicat ambulatoires, à améliorer l’accueil des étudiants en stage ou encore à proposer « des formations orientées vers l’exercice ambulatoire dès le second cycle (comptabilité, types de regroupements) ».
L’auteur propose aussi de « développer une logique de task force, sous la forme d’un guichet unique visant à informer, à orienter et à accompagner les jeunes professionnels de santé s’installant ou envisageant de le faire ».
Il suggère encore « d’outiller et accompagner les futurs praticiens dans la conduite de projet telle que la création d’une maison ou d’un centre de santé, la structuration de réseaux ou de toute initiative offrant des réponses plus adaptées aux besoins de certains territoires ».
Enfin, Terra Nova plaide pour le développement de living labs dédiés à la santé des citoyens et à l’autonomie des personnes handicapées. Ces laboratoires permettent « des rencontres entre des acteurs publics, privés et des citoyens », stipule la note, qui précise que les produits et services qui y sont créés sont testés en conditions réelles par de véritables usagers.
Droit à l’expérimentation
Autre axe de réforme à promouvoir, selon Terra Nova : la multiplication des solutions expérimentales sur les territoires. Ainsi, « il serait important de reconnaître un droit effectif à l’expérimentation pour tous les primo-installés, y compris les médecins qui étaient jusqu’alors remplaçants ou collaborateurs libéraux », estime l’auteur. « Afin de favoriser la multiplication des initiatives et éviter que ce dispositif reste lettre morte, il serait important qu’un écosystème entrepreneurial soit promu lors de prochaines négociations conventionnelles pour incuber et accélérer ce type de solutions expérimentales », conclut-il.
ANNE BAUDENEAU© Agence fédérale d’information mutualiste (Afim)