Encourager l’activité physique comme thérapeutique non médicamenteuse

Les initiatives pour promouvoir le sport pour la santé sont nombreuses et disparates, relève un rapport remis aux ministres de la Santé et des Sports le 12 avril 2018. L’activité physique est bénéfique en prévention primaire, mais aussi secondaire et tertiaire. D’où la recommandation d’en faire une « grande cause nationale ».

Comment lever les freins au développement de l’activité physique et sportive (APS) à des fins de santé ? C’est l’objectif du rapport qu’ont remis le 12 avril 2018 les Inspections générales des Affaires sociales (Igas) et de la Jeunesse et des Sports (IGJS).

Dans ce document de 121 pages, les rapporteurs se sont attachés à dresser un état des lieux « des très nombreuses initiatives menées sur le territoire grâce à une forte mobilisation de l’Etat, des collectivités locales, des associations sportives, mais aussi du secteur hospitalier, des mutuelles…, avec l’appui de professionnels du sport et de la santé ».

Dans leur analyse, ils distinguent la prévention primaire, qui vise à appliquer à la population générale les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en matière de sport santé, et la prévention secondaire et tertiaire.

Pour la première, qui agit en amont de la maladie, ils jugent que les recommandations de l’OMS gagneraient à être promues « dans le cadre de politiques sport santé plus ambitieuses en matière de communication nationale ». Ils recommandent d’ailleurs de faire de l’activité physique une « grande cause nationale », soutenue par une vaste campagne de communication.

Bénéfique pour nombre de pathologies

Concernant les préventions secondaire et tertiaire, qui agissent respectivement à un stade précoce de l’évolution de la maladie, et sur les complications et risques de récidive, les études scientifiques menées par l’OMS, l’Inserm, l’Académie de médecine ou encore la Haute Autorité de santé (HAS) sont formelles : l’activité physique et sportive est bénéfique comme thérapeutique non médicamenteuse pour un certain nombre de pathologies. Parmi celles-ci, citons les cancers du sein et du côlon, le diabète de type 2 et les maladies cardio-vasculaires.

Dans ce contexte, « la mission recommande d’affiner et préciser le contenu de ces activités physiques selon le profil des patients (l’intensité, la durée et la fréquence d’activité physique nécessaire pour infléchir le risque de maladie ou son évolution) ». Et ce, dans l’attente d’un rapport de la HAS, qui doit émettre des préconisations en matière de prescription médicale de l’activité physique et sportive, avec des référentiels par pathologie.

Sport sur ordonnance

Sur ce dernier sujet, le rapport rappelle les critiques de la mission « flash » menée en janvier 2018 par l’Assemblée nationale sur le décret du 30 décembre 2016 d’application de la loi de modernisation de notre système de santé.

Ce texte introduisait en effet le sport sur ordonnance médicale. La mission relève « un manque d’appropriation par les médecins traitants d’une initiative encore peu relayée auprès des professionnels de santé et non prise en charge financièrement par l’assurance maladie » Elle préconise un état des lieux de l’offre d’activités physiques dans un objectif de santé, qu’il conviendrait de mieux valoriser, par exemple via un site Internet national « sport-santé ».

Ce site ferait office de guichet unique de recensement de l’offre d’activité physique, aussi bien pour les professionnels de santé et du sport que pour le grand public.

Autre préconisation des rapporteurs : l’expérimentation par l’assurance maladie d’un financement de programmes spécifiques aux patients en affection de longue durée (ALD). Les mutuelles sont d’ores et déjà engagées, « dont certaines de longue date, dans des actions de promotion de l’activité physique au titre de la prévention primaire », souligne le rapport, citant la MGEN, partenaire du Comité national olympique et sportif français (CNOSF) dans la mise en place sur l’ensemble du territoire de l’opération « Sentez-vous sport ».

Elles s’attachent désormais à développer des programmes de prévention secondaire ou tertiaire visant des personnes atteintes de pathologies chroniques. Ainsi, Harmonie mutuelle propose depuis quelques mois une offre pour ses adhérents de moins de 70 ans en ALD, en remboursant le coût de la prestation d’activité physique sur prescription.

Stratégie nationale sport-santé

Enfin, concernant l’engagement présidentiel de créer des « maisons sport-santé », l’Igas et l’IGJS suggèrent de les mettre en place « à partir des réseaux de coordination ou des structures de santé pluridisciplinaires existant au niveau local, sur la base d’un cahier des charges partagé entre professionnels de santé et du sport ». Ces structures visent à « garantir un accompagnement personnalisé des personnes atteintes d’affections lourdes » telles que l’obésité ou les maladies cardiovasculaires.

Ce rapport s’inscrit « dans la démarche de promotion de l’activité physique engagée par le gouvernement qui a été intégrée dans la Stratégie nationale de santé (SNS) », rappellent les rapporteurs. Dans un communiqué commun publié le 12 avril 2018, la ministre des Solidarités et de la Santé, Agnès Buzyn, et la ministre des Sports, Laura Flessel, ont annoncé l’installation d’un comité copiloté par la directrice des sports et par le directeur général de la santé « en vue de l’élaboration d’une stratégie nationale du sport-santé prenant appui sur les recommandations de ce rapport en y associant des représentants de l’ensemble des partenaires déjà engagés ».

En savoir plus

Cliquer ici pour consulter le rapport « Evaluation des actions menées en matière d’activité physique et sportive à des fins de santé »

SABINE DREYFUS

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