La publicité entraîne les enfants à manger trop gras et trop sucré

La promotion publicitaire des produits gras et sucrés auprès des enfants font que les petits déjeuners et goûters sont très déséquilibrés. Face au risque d’obésité, UFC-Que choisir demande aux pouvoirs publics d’instaurer enfin une réglementation, grâce au projet de loi de santé publique.

Les petits déjeuners et les goûters des enfants sont de plus en plus  déséquilibrés, en raison du matraquage publicitaire de l’industrie  alimentaire, a dénoncé le 7 décembre l’association UFC-Que choisir.  Cette union de consommateurs a présenté les conclusions d’une enquête  menée dans 17 départements, entre septembre et octobre, auprès de 2.000  élèves âgés de 6 à 12 ans. « Les résultats sont catastrophiques », a  déploré Sylvie Pradelle, administratrice nationale de l’UFC-Que choisir.

Dans  les trois quarts des cas, les goûters contenus dans les cartables sont  trop gras ou trop sucrés ! Il s’agit en majorité de confiseries (33%),  de viennoiseries et gâteaux (24%) et de biscuits gras ou sucrés (16%).  Les aliments présentant un intérêt nutritionnel représentent seulement  24 %, dont 13% de fruits, 9% de biscuits et une toute petite minorité  (2%) de « goûter traditionnel, composé de tartines et de pain », ajoute  Sylvie Pradelle.

Céréales trop sucrées, viennoiseries, gâteaux…
Une autre  enquête, menée directement auprès de 340 familles, montre que les  habitudes alimentaires laissent également à désirer à la maison. Entre  2006 et 2010, la part des aliments gras et sucrés est passée de 47% à  55% au moment du petit déjeuner et de 51% à 64% pour le goûter. Par  exemple, près d’un tiers des petits déjeuners sont composés de céréales  trop sucrées. Les viennoiseries sont présentes dans 15% des cas. Au  goûter, les biscuits sucrés occupent la première place, suivis des  viennoiseries, confiseries et gâteaux.

Seul point positif, la  consommation de boissons sucrées entre les repas a diminué. La boisson  privilégiée est l’eau (41%), puis les jus de fruits ayant un intérêt  nutritionnel (25%) et enfin les sodas sans sucre (5%).

Pour  l’UFC-Que choisir, le marketing est assurément responsable de la  surconsommation de produits déséquilibrés. Déjà en 2006, l’association  avait lancé un premier cri d’alarme auprès des pouvoirs publics, car les  publicités diffusées durant les émissions pour enfants portaient à 89%  sur des produits gras, salés ou sucrés. Depuis, les industriels de  l’alimentation ont adopté une charte d’autorégulation et diffusent six  fois moins de publicités lors des programmes destinés aux plus jeunes.

Mais  leur comportement n’est pas vertueux pour autant ! En réalité, ils se  sont reportés vers les programmes « tous publics » en choisissant  soigneusement « les plages horaires où il y a le plus d’enfants devant la  télé », rapporte Olivier Andrault, chargé de mission alimentaire à  l’UFC-Que choisir. C’est notamment le cas le matin, aux alentours de 8  heures, à l’heure du déjeuner, puis en fin d’après-midi et début de  soirée.

« C’est un geste d’une hypocrisie sans nom, dans la mesure  où ils atteignent les enfants encore plus massivement », s’indigne Alain  Bazot, président de l’UFC-Que choisir. Au final, le constat demeure  accablant : parmi les produits promus aujourd’hui par l’industrie  alimentaire, 4 sur 5 sont trop gras et trop sucrés ! Et ces publicités  bénéficient de 75% d’audience supplémentaire…

« Faire évoluer l’offre vers la qualité »
Avec tant d’enfants  conditionnés par la publicité, cette association craint une hausse de  l’obésité dans les années à venir. En effet, les habitudes alimentaires  prises pendant l’enfance perdurent le plus souvent à l’âge adulte. Or,  en recoupant plusieurs études, l’UFC estime que le nombre d’adultes  obèses en France atteint 20%. Ce taux « dépasse probablement les 51% » si  on y ajoute les personnes en surpoids.

L’association en appelle  donc une nouvelle fois aux pouvoirs publics, qui, jusqu’à présent, « ont  cédé aux pressions de l’industrie alimentaire », regrette Alain Bazot.  « Ils ont donné l’impression d’agir à travers diverses annonces, mais  concrètement aucune mesure réglementaire n’est parue. »

Pour  prévenir l’obésité, l’UFC-Que choisir réclame « un encadrement des  publicités télévisées aux heures de grande écoute des enfants », en  utilisant le projet de loi de santé publique, qui pourrait être examiné  début 2011 au Parlement, indique son président. « L’objectif est  d’obliger les industriels à ne plus promouvoir des produits  déséquilibrés et de faire évoluer l’offre vers la qualité. C’est une  demande forte que nous allons réitérer », précise-t-il.

Autre  requête : la validation par le programme national nutrition santé (PNNS)  des programmes informatifs sur la nutrition. Enfin, l’association  demande la gratuité des communications de l’Institut national de  prévention et d’éducation pour la santé (Inpes), dont les budgets sont  infimes par comparaison à ceux de l’industrie alimentaire…

Paula Ferreira